Ô foules consumées par vos prières vaines,
Vous tressez des sanglots comme lourdes chaînes.
Vous frappez le silence de mille cris ardents,
Mais le ciel reste clos aux suppliques des temps.
Car Dieu ne se révèle aux lèvres assoiffées,
Il s’enfuit des clameurs, des orgueils déguisés.
Il attend que l’âme, nue comme un désert,
Se livre à la mort douce où le moi se perd.
Dépouillez vos désirs, brûlez vos noms de cendre,
Que vos corps se taisent, que vos songes se fendent.
Quand l’identité tombe, écorce et vanité,
S’ouvre alors l’abîme d’une éternité.
Et là, dans la nuit vaste où toute forme expire,
Descend le pur éclat, l’étreinte du vrai Souffle,
Un torrent de lumière, un baiser qui déchire,
L’ivresse où Dieu consume et comble tout le gouffre.
Plus d’ombre, plus de chair, plus de nom séparé,
Mais l’océan unique où tout s’est retiré.
Et dans ce feu d’amour, ardent et sans contour,
L’âme n’est plus qu’étoile embrasée par Son jour.
Vincent